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Études sur les exigences disciplinaires pour une infrastructure en Libre accès

Publié le 11 avril 2012 par Thérèse Hameau

Le texte ci-dessous est la traduction de l’«executive summary» du rapport « Studies on Subject-Specific Requirements for Open Access Infrastructure ».

La traduction a été réalisée par le Service traduction de l’Inist-Cnrs.

Synthèse

La présente étude porte sur les exigences disciplinaires concernant les infrastructures de recherche en mettant l’accent sur les influences du Libre Accès (LA). Le Libre Accès est abordé dans le sens large : liberté d’accès à la littérature, les données libres et les sciences ouvertes. Considérant la large variété des aspects à analyser et la précocité des étapes pour élaborer une explication générale des infrastructures en Libre accès, notre étude a suivi une méthode au cas par cas et, de façon délibérée, n’a pas cherché à donner une photographie représentative de la recherche. Dans l’approche pragmatique adoptée, nous avons choisi six partenaires (des institutions et des organismes) qui nous ont donné leur optique subjective d’une infrastructure en Libre accès. Ces partenaires sont considérés comme étant des modèles d’institutions de recherche ayant une infrastructure dans un domaine disciplinaire donné. À comparer les chapitres de cette étude, un mot peut résumer ce qui saute aux yeux : la diversité. À la première analyse, cette diversité disciplinaire peut sembler s’opposer naturellement à la notion d’infrastructure, puisqu’une infrastructure peut porter en elle l’idée de biens mis en commun sur la base de normes globales, de ressources et d’installations conjointes et partagées, plutôt que des différences propres aux exigences spécifiques de diverses disciplines. En même temps, il va de soi que la recherche doit être extrêmement diversifiée que ce soit de par ses spécialisations thématiques et méthodologiques pour pouvoir s’attaquer aux problèmes de recherche de plus en plus spécifiques dans le monde. C’est pourquoi toute feuille de route sur une infrastructure en Libre accès doit traiter cette zone de tension naturelle entre diversité et infrastructure. L’approche de cette étude marque le choix de traiter cette zone de tension naturelle directement, en rendant compte pour commencer de cette diversité dans des chapitres par disciplines. Ensuite, cette diversité se traduit au travers des aspects spécifiques d’une infrastructure en Libre accès se rapportant à la littérature scientifique et aux données. Il ne faut pas s’attendre à ce que cette étude fasse un panorama complet et une projection détaillée pour les prochaines décennies. Il faut plutôt compter sur le fait que le lecteur en retiendra une impression de diversité et développera (peut-être parfois implicitement) une compréhension des moyens de gérer la diversité lors du développement d’une infrastructure de recherche présentant des degrés de liberté suffisants laissés à la recherche pour qu’elle puisse opérer des développements en autonomie tout en ménageant des possibilités de faire apparaitre des synergies entre ces développements autonomes grâce à des ressources partagées appliquant des principes d’ouverture.

Le Libre accès et les infrastructures sont deux phénomènes totalement différents. Le Libre accès est un mode de communication alors que le terme « infrastructure » désigne des installations. Cependant, les avantages que tous deux présentent peuvent se caractériser en ce qu’ils renvoient aux mêmes aspects de la recherche : des préoccupations de coûts, des mises en capacité de la recherche autrement impossibles, la transparence comme la comparabilité, ainsi que les synergies. La raison pour qu’existe cette relation mutuelle entre infrastructure et Libre accès tient au fait que les infrastructures et le Libre accès impliquent tous deux la notion de partage.

Cette analyse comparative met en lumière des caractéristiques dans les cycles de recherche en général et leurs aspects constitutifs en matière de gestion de la littérature et des données. Ces cycles montrent des étapes communes : (i) la collecte des données, (ii) le traitement, (iii) l’enrichissement, (iv) l’archivage et (v) la réutilisation. Malgré tout, c’est la divergence qui ressort plus fortement des descriptions plutôt que des aspects partagés quelque peu abstraits. La gestion de la littérature présente des traits communs sur le plan des outils employés mais de fortes différences dans les pratiques de publication. La gestion des données fait montre d’une large variété dans l’outillage comme dans la gestion des données pratiquée. L’analyse comparative met au jour une pratique du Libre accès pour la littérature en progression ou installée dans les domaines disciplinaires mais pas encore totalement développée. Le Libre accès aux données est considéré comme une activité importante dans l’avenir. Ce point indique qu’une infrastructure peut être bâtie immédiatement, et ce dans un sens plutôt général, pour ce qui concerne la littérature et doit l’être avec plus de patience et de réflexion pour ce qui est des exigences disciplinaires à l’avenir.

Comme nous le disions plut tôt, les infrastructures entrent en contradiction avec la diversité, étant donné qu’elles ne sont pas seulement un prérequis essentiel, mais représentent une série de conditions strictes, ou contraintes, car c’est une propriété inhérente et l’objectif manifeste d’une infrastructure que de rendre la recherche uniforme. L’ouverture, toutefois, est une manière de porter à son maximum la perméabilité des ressources de la recherche (la littérature et les données) au sein d’une infrastructure pour que les activités de recherche collaboratives, interdisciplinaires et internationales nécessaires pour traiter un problème imminent donné puissent voir le jour. L’enjeu essentiel est de développer une infrastructure qui fonctionne en mode ouvert et, par le fait, soutienne la diversité des pratiques de recherche grâce à des flux informationnels accrus entre disciplines. Les mesures pour soutenir les développements d’infrastructures (par ex., des programmes de financement) devraient donc tenir compte des observations qui suivent, qui peuvent s’interpréter en s’appuyant sur les descriptions présentées tout au long du présent volume.

– i. La littérature numérique et les ressources de données sont une condition préalable essentielle pour la recherche. Fournir de la littérature électronique et des ressources de données via des services d’infrastructures est perçu comme une évidence (ou comme implicite) et n’est pas mis en cause sauf quand ceux-ci sont manifestement absents. Aussi, la notion d’« infrastructure de connaissances », entendue comme l’intégralité des ressources et des traitements appliqués à la littérature numérique et aux ressources de données utilisées par la recherche, n’est conçue non pas comme un dispositif explicite, mais bien plutôt comme une capacité invisible.

– ii. Le Libre accès est décrit comme modus operandi permettant d’exploiter de la littérature numérique et des ressources de données plus qu’une fin en soi ou un principe éthique.

– iii. La liberté d’accès à la littérature et aux données se rattache à des parties très différentes du processus de recherche. Si la littérature comporte des caractéristiques universelles, les données sont davantage liées à des méthodologies et des dispositifs propres à des disciplines. Même si les avantages sont les mêmes pour la littérature et les données, les obstacles varient largement et impliquent que la liberté d’accès à la littérature et aux données soient différenciées dans l’élaboration d’une politique comme le développement d’une infrastructure.

– iv. En raison du rôle générique et universel des ressources textuelles en recherche, on peut considérer la liberté d’accès à la littérature comme un prérequis général pour que la recherche soit efficiente, efficace et également innovante et devrait faire uniformément l’objet d’une politique d’obligation (de mandats) dans tous les domaines disciplinaires, même si l’application spécifique d’un Libre accès à la littérature reste à la discrétion des domaines disciplinaires (par ex. via des réservoirs propres aux disciplines).

– v. Pour ce qui est des données, le Libre accès doit encore se traduire selon des modalités spécifiquement disciplinaires dans l’élaboration des politiques et des infrastructures. La pratique qui se répand d’imposer des plans de gestion des données pour traiter cet aspect du Libre accès aux données pourrait être encore intensifiée en posant cette question : « Les données sont-elles libres d’accès, et dans la négative, pourquoi ? ». Le Libre accès dans les plans d’accès aux données pourrait être soutenu en définissant une politique générale d’ouverture sur les données comportant des avenants disciplinaires qui lui soient annexés. Pareil avenant disciplinaire à une politique d’ensemble pourrait avoir un caractère obligatoire dans une discipline donnée.

– vi. La différence qu’il pourrait y avoir entre la liberté d’accès à la littérature et aux données pourrait être transitoire et l’on pourrait observer des liens plus systématiques entre elles. Il faudrait intensifier les observations sur les corrélations entre littérature et données (par ex. les publications améliorées).

– vii. La fourniture de services d’infrastructure de recherche par des institutions et des organismes est déterminée par les exigences et se situe dans un contexte de recherche donné – même à l’intérieur d’un champ disciplinaire relativement réduit – et favorise des collaborations entre chercheurs de différentes disciplines. Le plan de développement tend dans la pratique à fonctionner par incréments et de façon évolutive, et en s’appuyant sur des prototypes ou des solutions opérantes plutôt qu’en mettant en application des cadres théoriques avec des solutions de stockage à fortes capacités.

– viii. Le modèle d’infrastructure de recherche en mille-feuilles – qui part d’infrastructures et de technologies de l’information et de la communication (TIC) génériques pour tendre vers le niveau suivant d’infrastructure associant informations, données et connaissances puis vers celui d’applications spécifiques disciplinaires – ne reflète pas la complexité d’organisation de ces infrastructures. La distinction entre des développements « horizontaux » s’appuyant sur des processus de recherche génériques et les standards des TIC d’une part et d’autre part des développements « verticaux » fondés sur des questions en recherche propres à des disciplines est productive, car elle rompt avec la structure en mille-feuilles pour proposer un modèle matriciel hiérarchique. Toutefois, un modèle d’infrastructure en réseau composé d’une multitude de nœuds disciplinaires qui applique des principes conceptuels locaux communs (par ex. standards de métadonnées, protocoles d’échanges) qui puissent communiquer entre eux et partager des ressources avec d’autres nœuds transcrit au mieux les descriptions d’infrastructures de recherche abordés dans cette étude et l’hypothèse est émise qu’il représente l’approche la plus prometteuse pour les développements d’infrastructures à l’avenir.
Pour résumer, les développements d’infrastructures de recherche devront demain prendre en compte les principes suivants pour être adaptés à ce défi essentiel de la diversité de la recherche, de telle sorte à :
– i. Soutenir des développements disciplinaires qui soient orientés par la recherche, évoluent par incrément et selon un mode évolutif pour correspondre et s’adapter à des pratiques en situation établies.
– ii. Dans un volet à part, soutenir le développement de services et de standards pour des aspects d’infrastructures génériques qui soient applicables au niveau de nœuds locaux disciplinaires. Les services et les standards, de toute évidence, doivent être maintenus par les institutions et les organismes en s’ancrant dans un engagement à long terme.et doivent :
– iii. Fournir des interfaces de dialogue entre développements disciplinaires et génériques en :

  • a. prévoyant des programmes de recherche-développement qui traitent explicitement cette question : comment lier développements disciplinaires et génériques ? Pour cela, les champs des études sur les sciences et les technologies, les événements en réseau ou les projets d’infrastructures focalisées sont des exemples ;
  • b. mettant en place des conseils consultatifs et des groupes de suivi pour des projets ou des programmes de financement où sont à la fois représentés des spécialistes des disciplines et des spécialistes des infrastructures ; et en
  • c. mettant en place une participation mutualisée des spécialistes des disciplines et des infrastructures dans les évaluations et les revues de projets.

– iv. Appliquer le Libre accès comme modus operandi dans toutes les activités – avec un caractère obligatoire pour la littérature et recommandé pour les données, tout en tenant compte spécifiquement des exceptions disciplinaires.

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